PREMIERE RENCONTRE NATIONALE

4 au 6 avril 2008

Caravaca de la Cruz- MURCIA- Espagne

Traduction Michel TERRASSE


Cette réunion a été motivée par l’application rigide par l’Espagne des récentes réglementations européennes concernant l’équarrissage en liaison avec les risques liés aux Encéphalopathies Spongiformes Transmissibles (EST), telle que la maladie de la vache folle. Les conséquences ont été à la fois un impact économique considérable pour les éleveurs et de graves problèmes affectant les populations de vautours d’une grande partie de la Péninsule Ibérique (réduction des effectifs, baisse ou perte de productivité, retard dans le cycle de reproduction, accroissement considérable de la mortalité liée à la faim dans les Centres de soin, changement dans les déplacements …).
La politique actuelle d’élimination des cadavres issus de l’élevage, choisie par de nombreuses régions espagnoles, constitue une menace grave pour la biodiversité et affecte fondamentalement cet important processus écologique qu’est la nécrophagie.
Un constat s’est imposé : il n’est pas moralement ni scientifiquement acceptable que les populations de rapaces nécrophages de la Péninsule Ibérique se concentrent seulement dans un nombre restreint de « muladares ». Le type de nourrissage privilégié actuellement, associé à la diminution de l’élevage extensif, conduit irrémédiablement à la stabulation des vautours. C’est le contraire de la situation antérieure où la présence des rapaces nécrophages était le reflet du bon état de conservation de notre patrimoine naturel.
Cette première rencontre a vu naître un Groupe de Travail ouvert et participatif d’experts en rapaces nécrophages dans leur biologie et dans la gestion de leurs ressources trophiques ;
Ils se sont mis d’accord sur l’urgence à faire appliquer ces 15 résolutions :

Organiser au niveau national et régional une harmonisation de la réglementation concernant l’équarrissage naturel dans le strict respect de la biologie alimentaire des vautours et de la situation particulière de la Péninsule Ibérique. La stratégie choisie par la Société Espagnole d’Ornithologie-BirdLife Espagne, doit être appuyée.
Défendre un modèle mixte de nourrissage basé sur un réseau complet de « muladares », assez nombreux pour ne pas favoriser les concentrations (observées sur des « mégacharniers « où plus de 1000 vautours peuvent stationner en permanence), joint à une possibilité pour certaines exploitations de fournir des cadavres de façon traditionnelle et permettant le libre nourrissage des autres espèces (y compris les Milans royaux, le Vautour percnoptère et le Gypaète barbu).
Obtenir une coordination inter administrative qui garantisse que la gestion de ces ressources ne puisse pas dépendre d’autres intérêts.
Appuyer le maintien des activités traditionnelles participant à l’élevage extensif, comme générateur de biodiversité incorporant à la fois des mesures favorisant son maintien et d’autre part la conservation des rapaces nécrophages. Obtenir une législation favorable à l’utilisation des cadavres provenant de l’élevage extensif et écologique (moins de traitements phytosanitaires, production d’une nourriture de meilleure qualité), par rapport à ceux issus de l’élevage intensif.
Obtenir entre le Ministère de l’Agriculture et les Communautés autonomes, la création d’une indemnité spécifique pour mise à disposition des cadavres aux rapaces nécrophages, d’un coût moindre que celui de l’équarrissage industriel et géré par des entités publiques ou privées concernées par la protection de ces oiseaux.
Exiger que les cadavres de la faune sauvage cynégétique et leurs restes, excepté ce qui est destiné à l’alimentation humaine, ne soient pas retirés, pour favoriser leur consommation par ces espèces (Décret Royal 664/2007).
Obtenir qu'au moins dans les zones "éloignées", dans les ZICO (ZEPA) et autres espaces protégés, on permette d'abandonner à nouveau certains cadavres et les restes, tels que ceux provenant de l'agriculture extensive et écologique avec le moins de restriction possible.
Le système actuel de récupération des cadavres (transport et incinération) n’est pas soutenable à moyen et long terme, ni du point de vue économique, ni de celui de la consommation d’énergie, ni environnemental sans même considérer les risques sanitaires et épidémiologiques qu’il génère.
Prenant en compte les nouvelles données sur le sujet, nous proposons que soient analysés 4% des cadavres d’ovins et de caprins âgés de plus de 18 mois, afin de pouvoir librement utiliser cette source de nourriture pour les vautours.
Solliciter les autorités européennes pour étudier et rechercher comment homologuer les méthodes de détection des ESB et EST, dans le but de favoriser de façon rationnelle la mise à disposition des cadavres pour les oiseaux nécrophages.
Alerter les administrations environnementales compétentes sur les graves risques que les fermes éoliennes et leurs lignes d’évacuation du courant électrique, installées de plus dans des zones vitales pour les vautours, font peser sur ces espèces. Recommander que les nouveaux projets soient accompagnés d’Etude d’Impact prenant ce risque en compte.
Sachant que le poison constitue la principale menace pour les oiseaux nécrophages, il est impératif de dynamiser au maximum toutes les mesures préconisées pour éradiquer le poison dans le milieu naturel. Trouver des solutions alternatives aux bergers pour leur éviter les dommages ou les contrariétés générés par les oiseaux nécrophages.
Insister sur d’autres menaces très graves comme l’électrocution, les dérangements dans les colonies, la destruction de l’habitat… A cet égard, différents travaux dans des zones Natura 2000 avec des effets parfois lamentables sont cités ( ZEPA de la Sierra de Mojantes-Murcia, piste forestière dans le P. Naturel due l’Alto Tajo, Sierra de las Quilamas, Sa de Castril, Sendera Larga dans les Hoces del Riaza…).
Solliciter les administrations centrales et régionales pour mobiliser avec la SEO ou tout autre organisme coordinateur, les moyens humains nécessaires à la réalisation des recensements nationaux des Vautours fauve, moine et percnoptère dans la Péninsule Ibérique.
Intégrer les conclusions des III Journées sur les Vautours de l’UNED, célébrées en Juillet 2007, à Plasencia, aux présentes décisions.


Asociacion para la Defensa de la Naturaleza
CARALLUMA
http://www.caralluma-associacion.blogspot.com